Imperméabilité du sol

L’imperméabilité des sols

Qu’est-ce que c’est?

On nomme «imperméable» une surface qui ne laisse pas ou très peu la possibilité à l’eau de s’infiltrer vers les zones sous-jacentes. Cette surface peut être formée naturellement, pensons notamment à la plaine argileuse abitibienne qui est imperméable. Ce qui veut dire qu’en Abitibi, le surplus d’eau étant incapable de circuler dans le sol est grand, ce surplus est constitué principalement d’eaux pluviales. L’eau ruissellera alors jusqu’à un plan d’eau, emportant tous les polluants présents sur son chemin, de plus, l’absence de végétaux sur sa route augmente les risques d’une forte érosion.

Il ne faut pas confondre imperméabilité avec imperméabilisation! L’imperméabilisation, quant à elle, caractérise les actions qui rendent un sol non perméable (ex. béton, asphalte, toiture, compaction du sol avec de la machinerie, etc..). Ces surfaces sont étanches à un point tel que l’eau ne passe plus ou très difficilement au travers de ces derniers, ce qui provoquera le ruissellement.

Les écosystèmes d’un bassin versant commencent à se dégrader lorsqu’au moins 10% du territoire de celui-ci est imperméabilisé.

-MAMROT 2010-

Le rôle des sols

Le sol supporte les organismes en permettant la préservation de leur habitat ainsi qu’en étant un apport en éléments nutritifs. Il sert de réservoir de matières organiques, l’endroit où les nutriments des végétaux sont emmagasinés ainsi que le lieu de décomposition des espèces permettant le cycle de la vie. Il a une fonction de système épurateur, au niveau de la filtration de l’eau permettant cette dernière de se libérer de ses polluants. Pour terminer, il régule les écosystèmes et assure le cycle biogéochimique. Le sol est un élément primordial à la survie de toutes les espèces vivantes, c’est pourquoi il est important de connaître ses caractéristiques.

Un sol imperméable perd sa vocation. Il présente plusieurs complications, tout comme la réduction de l’infiltration réduisant la quantité d’eau atteignant la nappe phréatique ainsi que l’augmentation du ruissellement et par conséquent, l’augmentation de l’érosion. De plus, il augmente la concentration de polluants dans l’eau de ruissellement lors du drainage des sols, cette eau se retrouve directement dans les plans d’eau, ce qui augmente l’apport en phosphore, la présence de particules en suspensions ainsi que la concentration en métaux lourds dans le cours d’eau.  Un sol imperméable augmentera la quantité d’eau se déversant dans les plans d’eau, causant ainsi des risques accrus d’inondation.

Le sol permet la régulation du cycle biogéochimique. Il permet la filtration de l’eau jusqu’à la nappe phréatique ou encore l‘infiltration jusqu’aux racines des végétaux.

Notre sol en Abitibi

En Abitibi, le sol est naturellement imperméable. C’est un sol dont la perméabilité est considérée négligeable comparée à une zone perméable. Ce qui veut dire qu’en Abitibi, les constituants du sol considérés imperméables sont l’argile et le roc faiblement fracturé. Ainsi, toutes les unités géologiques se trouvant sous la couche d’argile laisseraient l’eau circuler librement et s’infiltrer jusque dans les aquifères à nappes captives, mais ce qui caractérise les conditions d’écoulement de l’eau sous une couche imperméable est l’impossibilité d’accès des liquides à ces unités inférieures.

Dans la région, l’argile est l’unité la moins perméable. La plaine argileuse de l’Abitibi est d’une épaisseur moyenne de 10m pour un volume régional de 100km3. Certains travaux, installations et exploitations sont plus complexes dus à la présence d’une épaisse couche imperméable, cependant, une ressource en eau de renommée mondiale est parfaitement entretenue sous cette unité.

La formation géologique de la région est bien spéciale. La dernière glaciation de l’Amérique du Nord a eu lieu il y a environ 18 000 ans, les glaciers recouvraient l’ensemble du Canada et le Nord des États-Unis. Sur le territoire de l’Abitibi, les glaces se sont retirées graduellement il y a environ 9000 ans. Les paysages relativement plats (sans dénivelés fort) observables aujourd’hui ont été formés par la disparition des glaciers. Suite au retrait,  le lac Ojibway se forma, immergeant le territoire. Au fond du lac, en eau moins mouvementée, le dépôt et l’accumulation des fines particules en suspensions dans l’eau, comme l’argile, se fait tranquillement et de façon plus ou moins égale (créant une topographie faible). C’est ainsi qu’a été formée la plane argileuse Abitibienne pouvant atteindre plusieurs mètres d’épaisseur.

Lors du retrait du Lac Ojibway, de l’eau est restée prise dans les dépressions topographiques, formant les nombreux lacs de l’Abitibi.

Quelles sont les surfaces imperméables chez moi ?

  • Stationnement en asphalte ou en béton ;
  • Toiture de la maison ;
  • Sol sans végétaux ;
  • Sol compacté ;
  • Patio et terrasses en béton ;
  • Pente abrupte du terrain.

Les impacts de l’imperméabilité

Lors des moments de pluie, l’eau pluviale ruisselle sur les surfaces imperméables, elle emporte tous les polluants qui se trouvent sur sa route. Cette eau est ensuite déversée dans un cours d’eau qui devra recevoir tout ce qu’elle a emporté sans même avoir eu la chance de se faire filtrer par les végétaux ou les micro-organismes du sol. Il peut alors y avoir développement de cyanobactéries, prolifération d’espèces exotiques envahissantes et eutrophisation accélérée des lacs.

Les types de polluants couramment présents dans l’eau de ruissellement.

L’eau de ruissellement sur les sols imperméables est l’une des plus grandes sources de pollution des cours d’eau !

Les solutions sont simples!

La meilleure solution pour contrer l’imperméabilité est d’aménager notre terrain le plus près possible de son état naturel afin que l’eau s’infiltre à nouveau.

Première étape : La revégétalisation

Ce qui veut dire qu’il faut commencer par planter des végétaux, aménager une plate-bande, s’assurer de l’efficacité de la bande riveraine, créer un espace vert ou faire un jardin sur notre terrain.

Deuxième étape : Diminution des surfaces imperméables

L’objectif est de limiter toutes surfaces qui empêche l’infiltration de l’eau dans le sol. Il faut alors oublier la gazon parfaitement vert et fraîchement coupé court, il vaut mieux prioriser la croissance des végétaux naturellement présents. Par la suite, l’aire de stationnement doit occuper la plus petite surface que possible pour notre confort et pour laisser plus d’espace aux espaces perméables environnantes. Pour terminer, l’eau qui ruisselle doit préférablement terminer son trajet dans un fossé ou dans un aménagement perméable où l’eau circulera tranquillement dans le sol, qui lui, la libérera en grande partie de ses polluants.

Comment puis-je aménager mon terrain?

Les pavés perméables existes ! 

Ils sont poreux et permettent à l’eau de retourner dans le sol. Les micro-organismes du sol peuvent alors faire leur bon travail de nettoyage des contaminants de l’eau avant qu’elle atteigne les cours d’eau.

60% des eaux de ruissellement proviennent de la toiture !

Il est possible de diminuer l’impact de la toiture en dirigeant l’eau de la gouttière vers les plates-bandes ou vers un baril récupérateur d’eau de pluie afin de l’utiliser ultérieurement.

Quels sont ses avantages?

  • Réduire le ruissellement ;
  • Contrôler la qualité de l’eau ;
  • Contrôler l’érosion ;
  • Recharger la nappe phréatique ;
  • Conserver l’humidité du sol ;
  • Limiter la compaction du sol ;
  • Diminuer les risques d’inondation.

Quels pavés perméables choisir?

Le gravier homogène : Cailloux de la même dimension pour permettre la circulation de l’eau.

Béton poreux : Il comprend 15-35% d’espaces vides, les micro-organismes peuvent d’installer dans les orifices et dégrader les contaminants.

Pavé alvéolé : Structure en plastique remplie de gravier, de sable ou de végétaux.

Blocs à joints perméables : Les joints entre les blocs sont remplis de sable ou de gravier de façon à laisser de l’espace pour que l’eau s’infiltre.

Les gouttières : Recueillir l’eau des gouttières dans un baril pour arroser les fleurs. Diriger l’eau vers les plantes ou un endroit perméable.

Visiter la page «L’eau de pluie et de ruissellement» de notre site web pour plus d’informations sur les barils récupérateurs d’eau de pluie et l’aménagement de zones perméables.

L’eau de pluie et de ruissellement

L’ampleur de ces impacts sur la ressource en eau va principalement dépendre des changements de comportements que nous allons apporter, que nous appelons LES BONNES PRATIQUES. Il est temps d’agir! Vous vous demandez comment participer?

Sources

APPEL, Guide des bonnes pratiques dans la lutte à l’érosion et à l’imperméabilisation des sols, 36p.

Cloutier,V. Rosa,E. Roy, M. Nadeau,S. Blanchette, D. Dallaire, P-L. Derrien,G. Veillette,J. (2016). Atlas Hydrogéologique de l’Abitibi-Témiscamingue. Québec : Presses de l’Université du Québec.

Regroupement des organismes de bassins versants du Québec. Fiches sur l’aménagement et l’entretien des propriétés résidentielles.

Images : https://pxhere.com/; https://pixabay.com/ ; https://commons.wikimedia.org/

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