L’installation septique

L’installation septique

En milieu urbain, la plupart des habitations et commerces sont reliés au système d’égouts de la ville, qui traite les eaux usées à l’aide d’un système collectif. Ce n’est pas le cas lorsqu’il s’agit de petites municipalités ou de résidences isolées du reste de la ville, qui sont alors généralement desservies par un puit pour la consommation d’eau potable et des installations septiques pour le traitement des eaux usées.

Les installations septiques ont pour rôle d’évacuer et de traiter les eaux usées des résidences isolées. Or, la mise en place et l’entretien des installations septiques sont souvent non conformes, ce qui peut causer des problèmes au niveau de la santé et de la sécurité des utilisateurs de puits et de plans d’eau avoisinants. Il peut aussi y avoir de grands impacts sur l’environnement! De plus, la plaine argileuse de l’Abitibi-Jamésie est imperméable, ce qui limite l’infiltration de l’eau dans le sol et rend le traitement des eaux usées plus complexe. Du coup, une vigilance et un bon entretien des fosses septiques deviennent particulièrement important.

Les installations septiques. Source: ROBVQ

Les systèmes de traitement

Une installation septique contient une fosse septique composée de deux compartiments, qui doit être vidangée régulièrement, ainsi que d’un élément épurateur. L’installation septique comporte donc deux types de traitements :

  1. Traitement primaire, premier compartiment : une fosse enfouie dans le sol. On y recueille les déchets solides et liquides (toilettes, lavabos, douches) et elle sert à retirer les matières flottantes. Les matières et particules solides vont se déposer dans le fond de la fosse par décantation et permettre aux huiles et graisses de remonter à la surface. Seuls les liquides (eaux usées ou eaux grises) en ressortent et sont transportées au deuxième compartiment de la fosse.
  2. Traitement primaire, second compartiment : une fosse étanche, qui recueille les liquides du traitement primaire et poursuit la séparation des boues et de l’écume. Elle dirige ensuite les liquides vers le champ d’épuration. Les deux premières étapes sont des prétraitements, elles permettent la digestion des solides par les bactéries.
  3. Le traitement secondaire est un champ d’épuration. Les liquides issus de la fosse y subissent un traitement par l’entremise de tuyaux percés disposés en grille sur du gravier et qui répartissent l’effluent dans un sol.

Le sol est un filtre naturel; l’eau qui y circule y est filtrée de ses polluants.

Fosse septique. Source: ROBVQ

Veiller au bon fonctionnement de son installation septique

Une installation septique fonctionnelle et bien entretenue n’est aucunement dommageable pour l’environnement ou la santé et la sécurité humaine. Par contre, malgré un entretien adéquat, une mauvaise utilisation de l’installation, par des pratiques domestiques négligente, peut  tout de même avoir des conséquences nocives. En effet, dans nos eaux usées se trouvent, en plus de bactéries nuisibles pour la santé et autres matières dangereuses, du phosphore. Le phosphore est un élément présent dans nos détergents et dans les déjections qui, lorsqu’il se trouve en trop grand quantité dans un plan d’eau, cause l’eutrophisation accélérée des lacs et facilite la prolifération de cyanobactéries.

Heureusement, il suffit simplement d’utiliser avec sagesse ses installations septiques et de les entretenir convenablement pour assurer leur bon fonctionnement! D’autres pratiques peuvent aussi aider au bon traitement des eaux usées, comme le contrôle des eaux de ruissellement. De même, l’installation d’une bande riveraine peut servir de précaution en cas de défectuosité de la fosse septique ou de problèmes imprévus dans la gestion de l’eau domestique.

  • Une fosse septique a un pouvoir de traitement de l’eau qui varie en fonction de son type, son entretien, ainsi que la quantité d’eau et d’éléments qui y sont déversés. De même, elle peut contenir un volume d’eau limité. Cela signifie que pour assurer un traitement des eaux usées adéquat, il faut gérer sa consommation d’eau et faire attention aux déchets que l’on rejette dans la fosse septique.

  • Une fosse septique ne contient qu’un certain volume d’eau. Lorsque beaucoup d’eau y est envoyée dans un court laps de temps, les particules solides n’ont pas le temps de couler au fond de la fosse et d’être traités par les bactéries qui s’y trouvent; ils sont entrainés directement au champ épurateur. Or, le champ épurateur n’est pas conçu pour traiter des matières solides et ne traitera pas les eaux usées de façon adéquate.

    Pour cette raison, il est préférable de répartir son utilisation d’eau durant la semaine, en n’effectuant pas trop de brassées de lavage dans une même journée ou en évitant d’utiliser plusieurs appareils (laveuse, bain, lave-vaisselle) qui requiert beaucoup d’eau au même moment. De même, lorsqu’il y a de fortes pluies et que le sol est saturé d’eau, l’eau du champ épurateur ne pourra pas nécessairement s’infiltrer efficacement dans le sol et ne sera donc pas libérer de ses polluants; il est peut-être préférable de limiter sa consommation d’eau à ce moment-là.

  • Contrôler les éléments se trouvant dans votre fosse septique est une bonne manière de se protéger contre une défectuosité. Certaines substances ne sont pas biodégradables ou se dégradent très lentement et finiront pas encombrer votre installation septique. Certains produits peuvent aussi détruire les bactéries qui traitent l’eau, réduisant donc l’efficacité de l’installation septique. Pour cette raison, vous devriez éviter de jeter dans les toilettes et dans l’évier les substances suivantes :

    • Huiles et graisses;
    • Couches jetables;
    • Tampons et applicateurs;
    • Mouchoirs et essuie-tout;
    • Cheveux;
    • Condoms;
    • Nourriture et compost;
    • Filtres à cigarette;
    • Peinture et solvant;
    • Pesticides;
    • Antigel;
    • Essence;
    • Litière pour chats;
    • Détergents corrosifs (ex: Javel);
    • Savons antibactériens et autres désinfectants;
    • Médicaments et antibiotiques, etc.
  • Il est très important de faire la vidange de votre fosse septique selon les normes du règlement Q.2 r-22. Ceci vous permettra d’éviter de contaminer le sol et les plans d’eau environnant, ainsi que pour protéger votre installation septique contre le colmatage et votre résidence contre le refoulement des eaux usées.

    Selon le règlement, la vidange doit s’effectuer au moins une fois tous les 2 ans pour une résidence occupée en permanence et une fois tous les 4 ans pour une résidence saisonnière. Notez que certaines municipalités peuvent avoir un règlement plus strict et vous obligent à fournir des preuves de votre vidange. Par contre, vous êtes seuls responsables de votre installation septique et de son entretien. La plupart des MRC ou des municipalités offrent un service de vidange; il est très important que vous n’essayez pas de vider ou d’inspecter votre fosse par vous-même, puisque des gaz extrêmement nocifs peuvent s’en échapper et vous être fatals.

  • Votre champ épurateur permet aux eaux sortant de la fosse septique de percoler dans le sol. Le sol est un filtre puissant, qui débarrasse l’eau des polluants s’y trouvant et lui permet de retourner aux plans d’eau avoisinants ou encore de recharge la nappe phréatique et les eaux souterraines. Il joue un rôle important et pourtant, il est souvent endommagé par mégarde. Évitez de mettre des éléments pouvant compacter le sol dans la zone de traitement. C’est éléments incluent les véhicules (ne roulez pas et ne les stationnez pas sur le champ épurateur) ainsi que les structures temporaires ou permanentes (cabanon, gazébo, piscine, aire de jeux, etc). Évitez aussi d’y planter des arbres et arbustes, dont les racines peuvent abîmer votre installation septique. Il est par contre obligatoire de conserver de la végétation herbacée sur toute la superficie du champ d’épuration afin d’en assurer le bon fonctionnement. Enfin, de même qu’il est préférable de ne pas utiliser trop d’eau lorsqu’une forte pluie vient de tomber, il est préférable de ne pas arroser le champ d’épuration, de crainte de saturer le sol d’eau. Protéger le champ d’épuration des eaux de ruissellement peut contribuer à prévenir une saturation des sols.

    Les installations septiques ont une durée de vie limitée qui varie en fonction de la qualité de la conception et de la construction de l’installation, de sa fréquence d’utilisation et de son entretien. En moyenne, une installation septique peut être fonctionnelle pendant une quinzaine d’années, peut-être une vingtaine.

  • Il y a plusieurs signes qui permettent de reconnaître une installation septique problématique, que ce soit parce qu’elle est trop âgée et doit être changée, qu’elle aurait besoin d’une vidange ou tout simplement qu’elle est endommagée ou surchargée. Par exemple, lorsque les plantes proche de l’installation septique ont de fortes poussées de croissance et que le gazon y est très vert et spongieux, il est probable que l’installation ne réussit pas à filtrer tous les éléments se retrouvant dans les eaux usées. De même, lorsqu’il commence à y avoir de mauvaises odeurs, ou qu’un liquide gris ou noir apparaît à la surface du terrain, c’est signe d’un problème de traitement. Ceci est potentiellement dangereux, puisque les eaux usées peuvent contaminer le puit d’eau potable utilisé par la résidence ainsi que les plans d’eau avoisinants.

Les impacts d’une installation septique défectueuse

Lorsqu’une installation septique de réussit pas à traiter les eaux usées de manière correcte, plusieurs choses peuvent se produire. Premièrement, le phosphore, un élément nutritif limitant se trouvant dans les eaux usées sera libéré dans l’environnement. Le phosphore cause malheureusement l’eutrophisation des lacs, en plus de favoriser l’apparition de cyanobactéries dans les plans d’eau. Ces deux impacts sont encore plus grands si vous utilisez des savons et produits détergents contenant du phosphore.

En outre, les eaux usées non traitées qui retournent au sol peuvent polluer les puits d’eau potable, tout particulièrement si celui-ci ne respecte pas la distance minimale de 15m entre un puit et un système étanche, ou de 30m entre un puit et un système non-étanche. Naturellement, lorsque situé près d’un plan d’eau, il y a aussi un risque de pollution lorsque l’installation septique est défectueuse; ce sont des risques pour la santé des personnes consommant l’eau des puits ou des lacs.

Vous pouvez limiter l’impact de votre fosse septique ou aider à son bon fonctionnement et, du même coup, protéger les plans d’eau voisins en installant des bandes riveraines en bordure de lac ou cours d’eau si votre terrain y touche. Nous vous suggérons aussi de consulter notre section sur les eaux de ruissellement, qui vous aideront à protéger votre sol de la saturation d’eau après de grosses pluies ou à la fonte des neiges!

L’installation septique

En matière de nuisances et de causes d’insalubrité, le droit acquis n’existe pas. À cet égard, la cour a établi que le droit acquis ne permet pas de créer ou de main­tenir des nuisances ou des situations dangereuses pour la santé publique ou la qualité de l’environnement. Enfin, les droits acquis ne s’attachent qu’à l’immeuble et ne couvrent pas ses activités polluantes.

Un mémoire réalisé par l’OBVAJ

Modification au règlement Q-2 r.22

Le MDDELCC (maintenant MELCC) a récemment mené une consultation publique afin de recueillir les commentaires et recommandations des intervenants, citoyens et organisations touchés par les changements qu’il compte apporter au Règlement sur l’évacuation et le traitement des eaux usées des résidences isolées (Q-2 r.22). Ce règlement est difficilement applicable en Abitibi, pour plusieurs raisons, notamment l’isolation extrême de certaines résidences, le mauvais fonctionnement des installations tertiaires, le froid extrême et le sol argileux de la région.

Le 4 avril 2016, le ministre David Heurtel s’est déplacé à Val-d’Or pour présenter la première phase de modification du règlement. Cette première phase comprend quatre solutions : la mise en commun d’un système de traitement tertiaire avec déphosphatation pour deux résidences isolées existantes ; l’aménagement d’une fosse de rétention à vidange totale pour faire la rétention des eaux usées; l’installation de toilettes à compost avec vidange périodique des eaux ménagères ; ainsi que l’installation de systèmes de traitement étanches qui rejettent les eaux usées dans un réseau d’égout municipal.

Les recommandations de l’OBVAJ face à ces 4 solutions

Solution 1 – Contraintes liées à la disponibilité d’un système de traitement tertiaire adéquat. L e système comme tel n’est pas adapté pour desservir 2 propriétés en même temps, car sa capacité hydraulique (volume d’eau pouvant être traité) n’est pas suffisante.

Solution 2 & 3 – Un coût supplémentaire pour la vidange serait trop élevé considérant qu’une installation septique est aménagée pour une période d’au moins 15 ans à 20 ans.

Solution 4 – Contrainte liées à la capacité des stations d’épuration des eaux usées existantes. Les stations sur le territoire de l’Abitibi-Témiscamingue ont des capacités limitées d’accueil d’eaux usées qui ne permettrait pas d’accueillir la totalité des résidences isolées.

Pour en connaître plus sur le sujet, consultez le mémoire de l’OBVAJ sur la consultation publique.

L’ampleur de ces impacts sur la ressource en eau va principalement dépendre des changements de comportements que nous allons apporter, que nous appelons LES BONNES PRATIQUES. Il est temps d’agir! Vous vous demandez comment participer?

Sources

Laurentides, C. R. E. (2007). Trousse des lacs–Des outils pour la santé des lacs.

Ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (2014). Vers une gestion optimale des fosses septiques au québec état de situation sur la gestion des boues de fosses septiques, québec, direction générale des politiques de l’eau, 25 p. Isbn 978-2-550-722287-8

Ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (2015). Traitement des eaux usées des résidences isolées. Repéré à http://www.mddelcc.gouv.qc.ca/eau/eauxusees/residences_isolees/guide_interpretation/PartieA.pdf#page=14

Regroupement des organismes de bassins versants du Québec. Fiches sur l’aménagement et l’entretien des propriétés résidentielles.

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